Ou : le néo-libéralisme expliqué par l'angle alpha(1)

(1)angle alpha = angle qui sépare le désir du salarié du désir de son patron

Voici une émission d@ns le texte très intéressante sur les concepts développés par Frédéric Lordon, dans son livre Capitalisme, désir et servitude - Marx et Spinoza (éditions La Fabrique, 2010), ouvrage qui n'est initialement pas destiné à tout public mais s'adresse originellement à des universitaires. Judith Bernard ne le sachant pas l'a lu, et s'en est apparemment régalé. D'où cette émission qui a le mérite de résumer les idées en question.

Petite présentation du livre :


"Comment un certain désir s'y prend-il pour impliquer des puissances tierces dans ses entreprises ? C'est le problème de ce qu'on appellera en toute généralité le patronat, conçu comme un rapport social d'enrôlement. Marx a presque tout dit des structures sociales de la forme capitaliste du patronat et de l'enrôlement salarial. Moins de la diversité des régimes d'affects qui pouvaient s'y couler. Car le capital a fait du chemin depuis les affects tristes de la coercition brute. Et le voilà maintenant qui voudrait des salariés contents, c'est-à-dire qui désireraient conformément à son désir à lui. Pour mieux convertir en travail la force de travail il s'en prend donc désormais aux désirs et aux affects. L'enrôlement des puissances salariales entre dans un nouveau régime et le capitalisme expérimente un nouvel art de faire marcher les salariés. Compléter le structuralisme marxien des rapports par une anthropologie spinoziste de la puissance et des passions offre alors l'occasion de reprendre à nouveaux frais les notions d'aliénation, d'exploitation et de domination que le capitalisme voudrait dissoudre dans les consentements du salariat joyeux. Et peut-être de prendre une autre perspective sur la possibilité de son dépassement."

Frédéric Lordon est un économiste français, directeur de recherche au CNRS et chercheur au Centre de sociologie européenne (CSE). Il est membre de l'association les économistes atterrés. Et collaborateur régulier du journal le Monde diplomatique.
Son site internet : http://www.fredericlordon.fr/




L'émission est proposée par Daniel Schneidermann, animée par Judith Bernard et réalisée par François Rose.
Durée : 1h30.

"Lordon passe par Spinoza, pour tenter de comprendre comment le capitalisme nous aliène, un capitalisme nouveau, à grands coups d'affects positifs et joyeux, à grandes injections de "fun" et de "waoow", (vous ne connaissez pas le capitalisme "waoow" ? Dans l'émission, Lordon évoque un article de The Economist, qui est ici)."

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